Au Bénin comme un peu partout dans le monde, les communautés à la base ont souvent recours à des moments de retrouvailles afin de mettre en valeur la fraternité, solidarité etc. Ces initiatives prennent aujourd’hui une ampleur considérable. Il ne se passe plus une saison sans que des annonces ne viennent rappeler l’organisation de fêtes dans une ville, un village ou une communauté. Malheureusement, dans cette effervescence, l’on observe que les objectifs fondamentaux de ces fêtes, censés être orientés vers l’amélioration des conditions de vie des communautés, s’effacent peu à peu au profit d’une simple quête de divertissement ou distraction. Alors qu’elles devraient, en priorité, être des cadres de dialogue, d’analyses des défis locaux et d’engagement pour les causes communes, la réalité actuelle est toute autre. La plupart de ces célébrations se bornent à organiser des fêtes somptueuses où l’essentiel du budget est absorbé par des dépenses somptuaires. Dans nombre de cas, plus de 80 % des fonds mobilisés sont affectés à des réjouissances — nourriture, boissons, animations, parures, ou encore spectacles gigantesques — et il ne reste qu’une infime portion, à peine 20 %, pour des projets sociaux. Certes, il existe des exceptions. Certaines associations et communautés demeurent soucieuses du bien-être collectif, et ces initiatives sont dignes de louanges. Elles utilisent leur rassemblement pour poser les vraies questions, identifier des actions concrètes, voire lancer des projets de développement durable dans leurs localités. Mais ces exemples sont bien trop rares et ne suffisent pas à enrayer la dérive générale. Ces événements pourraient être par exemple l’occasion de lancer des œuvres de développement durable, d’aménager des infrastructures, de financer des projets éducatifs ou de santé, de promouvoir l’emploi des jeunes ou encore d’encourager des actions de solidarité. En choisissant de privilégier ces aspects, les communautés donneraient un sens plus profond à leurs fêtes, tout en restant fidèles à leurs traditions et en apportant des solutions aux défis de l’heure. Admettons que ce n’est pas la fête en elle-même qu’il faut condamner, mais bien l’usage déséquilibré des ressources qui lui sont allouées. Les béninois, dans leur sagesse, disent souvent : « Le vrai bonheur est celui qui se partage et qui dure. » Il est donc temps que les fêtes identitaires deviennent des creusets de progrès durable pour les communautés et cessent d’être le reflet d’une société où la distraction prime sur la raison et la vision d’avenir.
✍️Valentin AKODEDJRO
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