Dans la dynamique de redéfinir l’avenir politique du Bénin, les forces de l’opposition se sont donné rendez-vous ce dimanche 10 décembre à Cotonou. Le motif de cette assemblée générale constitutive est de fonder un cadre de concertation pour sauver ce qu’elles aperçoivent comme une démocratie en naufrage, œuvrer au retour des exilés et obtenir la libération des détenus politiques. À les en croire, ce creuset ambitionne de consolider une opposition unie et structurée, afin de préparer une riposte collective en vue des élections générales de 2026.
Paradoxalement, dans cette assemblée où l’unité était le maître-mot, deux grandes formations de l’opposition brillaient par leur absence. Il s’agit de la Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), dirigée par Paul Hounkpè, et le parti Restaurer l’Espoir (RE) de Candide Azannaï, une absence qui soulève plusieurs interrogations. Si cette rencontre devait marquer un tournant pour l’opposition, en permettant aux partis de se fédérer autour de valeurs et de stratégies communes, l’absence de ces deux partis ne peut qu’étonner. Pourquoi ces formations, théoriquement acquises à la cause de l’opposition, n’ont-elles pas répondu à l’appel ? Sont-elles réellement solidaires des objectifs affichés par cette rencontre ou appartiennent-elles à une autre logique, peut-être plus ambiguë, dans leur positionnement face au pouvoir en place ?
Face à ces interrogations, l’on est en droit de se demander si l’opposition béninoise est aussi unie qu’elle le prétend. La cohésion, essentielle à toute lutte politique d’envergure, se révèle ici comme un chantier inachevé. La tentative de rassemblement autour du cadre de concertation est en effet salutaire dans un contexte où la fragmentation de l’opposition risque de lui ôter toute capacité de peser face au régime en place. Mais cette absence de la FCBE et de RE ne fragilise-t-elle pas cette entreprise naissante ? Ces partis, qui, à plusieurs reprises, ont affirmé leur opposition, ne semblent-ils pas envoyer ici un signal d’isolement ou, pire, de connivence tacite avec le pouvoir ? Ce flou alimente les spéculations et les soupçons. En réalité, pour qu’une opposition ait la force de renverser un ordre politique en place, elle doit non seulement se souder, mais également clarifier sa ligne de conduite et ses valeurs. Une opposition fragmentée, où certains partis semblent refuser d’adhérer à des initiatives pourtant conçues pour renforcer leurs propres positions, court le risque de l’incohérence et de l’inefficacité. Vivement que l’ensemble des forces de l’opposition retrouve leur lucidité pour relever le défi qu’elles prétendent. 2026 n’est plus loin.
✍️Valentin AKODEDJRO
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