Tout passe ! Tout passe ! Tout passe !
Un Grand Homme s’en est allé. Le baobab international de la Sociologie africaine est tombé. Notre grand éducateur holistique vient de nous quitter.
Avant tout, je présente mes sincères condoléances à la famille biologique et à toute la famille scientifique du Grand disparu. Chacun des membres de ces deux familles a une histoire personnelle, un parcours de vie particulier avec cette personnalité, ce personnage.
Je fus de ses premiers étudiants à la faculté des Lettres et Sciences humaines notamment à l’ouverture du Département de Philosophie, Psychologie et Sociologie en 1976.
Honorat AGUESSY fut mon Professeur de la première à la 4ème année à l’Université nationale d’Abomey-Calavi, maître de mon mémoire de Maîtrise en Sociologie-Anthropologie
Lors de la rédaction de mon mémoire, il m’a fait plusieurs fois pleurer, il m’a fait faire plusieurs allers et venues jusqu’aux questions relatives à la syntaxe, aux virgules et aux points virgules !
Ma soutenance par cette belle rigueur intellectuelle a été couronnée d’un grand succès et à la fin, il me dit : « Alors, quelles sont vos impressions aujourd’hui ? ». Et j’ai répondu « je suis très contente du rendu et des observations du jury ».
La fierté du Professeur AGUESSY, c’est de voir ces étudiants exceller et respectés partout. Le Doyen AGUESSY m’a fait aimer la Sociologie et l’Anthropologie. En effet, après mon premier exposé à son cours en deuxième année, il m’a fait l’appréciation suivante ; « qui est celle-là qui n’est pas régulière à mon cours mais qui vient ainsi réussir une telle belle présentation ? » Cette phrase était comme un déclic pour moi qui avais une double inscription dans la faculté en Sociologie et en Lettres modernes et qui hésitais à quitter mes camarades des lettres modernes.
J’admirais son éloquence, son haut niveau intellectuel. Il délivrait souvent ses cours sans documents sous les yeux.
A la fois craint et aimé, le Professeur AGUESSY est un amoureux du savoir, de la connaissance, un grand panafricaniste. Il avait trop de rêves pour l’Afrique. En plus de la transmission du savoir qu’il affectionnait, il était un grand éducateur et savait transmettre des vertus et des valeurs. C’était également l’homme des principes intangibles.
Le Doyen AGUESSY aimait être entouré de ses étudiants et contribuait constamment et en permanence à leur perfectionnement par le travail acharné. Il avait une forte mémoire avec l’art de lier les dates et les évènements. Il savait afficher clairement ses positions.
Le doyen AGUESSY est à la fois rigoureux, Intransigeant mais flexible quand on sait comment communiquer avec lui. Notre Père de la Sociologie Anthropologie au Bénin n’a pas vécu inutilement. Il a essaimé et ses graines ont germé et poussé et continue de se répandre partout dans le monde.
Il nous a laissé des valeurs qu’il nous revient comme des disciples de perpétuer pour une Afrique digne et respectable. Ses œuvres témoigneront donc de son ardeur au travail et de son passage sur cette terre des hommes.
Je termine par cette citation qu’il affectionnait bien : « Sois pareil au promontoire que les flots battent sans répit : il reste debout et autour de lui s’endort la colère de l’onde. » Marc Aurèle, empereur et philosophe romain.
Le Professeur AGUESSY nous invite ainsi comme Marc Aurèle à « observer, dans la tradition philosophique stoïcienne, un détachement par rapport à ce qui nous entoure pour mieux nous recentrer, rassembler nos forces et avoir l’audace de penser à l’après ».
Agnès SAGBO ADJOU-MOUMOUNI
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