Au cours des campagnes de la présidentielle de 2016, les Béninois ont eu des promesses du président Patrice Talon, alors candidat. Même après qu’il est élu, des promesses n’ont pas cessé de pleuvoir. Fort de son assurance, il affirmait qu’en « cinq ans, on peut faire le job ». Huit années plus tard, après avoir été réélu pour un second mandat en 2021, c’est le moment de commencer par faire le bilan de cette promesse qui avait suscité tant d’espoirs. Paradoxalement, la réalité du terrain aujourd’hui s’avère bien différente de l’optimisme affiché lors des campagnes électorales ou au début de sa prise de fonction. En dépit des réformes structurelles, le peuple béninois se retrouve encore dans une espérance. Les sacrifices exigés, les efforts consentis, et les ressources mobilisées semblent visiblement n’avoir guère porté les fruits attendus. Alors que le gouvernement entreprend une opération de reddition de comptes, la dissonance entre les promesses faites et la réalité que vivent les citoyens est de plus en plus palpable. Il est difficile, voire impossible, d’expliquer à un peuple qui a accepté de « se serrer la ceinture » le pourquoi sa vie devient de plus en plus chère au lieu de s’améliorer. Comment justifier les promesses d’un avenir meilleur et d’une gestion plus efficiente du pays, quand, après huit ans, les mêmes défis persistent et les améliorations se font attendre ? La question est d’autant plus pertinente pour ceux qui, malgré les discours rassurants, continuent de vivre dans la flambée exponentielle des produits de première nécessité.
Par ailleurs, l’opération de reddition des comptes qu’effectuent actuellement les membres du gouvernement, les députés, et les soutiens du régime de la Rupture ressemble davantage à une campagne de justification des promesses. Des propos mielleux se font entendre à chaque étape. Parcourir le pays pour exposer des réalisations qui, bien qu’importantes, n’ont pas significativement amélioré le quotidien des citoyens revient à ignorer les attentes profondes et les aspirations légitimes de la population. Les infrastructures routières, les projets d’asphaltage et autres sont certes bien visibles mais ne peuvent se substituer à la satisfaction des besoins élémentaires ni à l’amélioration tangible du niveau de vie des populations. Les Béninois attendent des réponses claires et des actions concrètes qui transformeront réellement leur vie du point de vue social. Ils ont besoin d’une gouvernance qui écoute, comprend, et agit en tenant compte des réalités du terrain. Les promesses antés et post-électorales doivent se traduire en réalisations palpables et en progrès substantiels. Sinon, la confiance entre gouvernants et gouvernés ne sera que davantage érodée, et la crédibilité des institutions en pâtira.
Le défi pour le gouvernement actuel est donc immense : redonner espoir, rétablir la confiance, et prouver que les sacrifices demandés n’ont pas été vains. Cela passe par une introspection profonde, une écoute active des citoyens, et une adaptation des politiques publiques aux véritables besoins de la population. La reddition des comptes ne doit pas être un exercice de communication, mais une occasion de réévaluer les priorités et de réorienter les actions vers des résultats tangibles et durables.
✍🏾 Valentin AKODEDJRO
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