Dans le monde contemporain, nous assistons à une pratique lamentable et qui devient monnaie courante. Il s’agit bien évidemment des hommages qui pleuvent à profusion à l’endroit de ceux qui quittent ce monde. Ce phénomène, que d’aucuns interprètent comme une marque d’affection et de sympathie envers les familles éplorées, n’en demeure pas moins une manifestation d’une hypocrisie profondément enracinée dans les cœurs humains. Cette avalanche de témoignages posthumes prouve une société prompte à s’émouvoir après coup, mais terriblement silencieuse lorsque la personne qu’elle pleure était encore en vie. En effet, pourquoi attendre qu’un individu rende l’âme avant de reconnaître son mérite ? Pourquoi la célébration des valeurs et des réalisations de cet individu n’intervient-elle qu’après sa disparition ? Il s’agit là tout simplement d’une contradiction dérangeante qui devrait interpeler les uns et les autres. Là où le bas blesse, lorsqu’une personne est encore parmi les vivants, elle est souvent ignorée, mal jugée ou pire encore, critiquée sans ménagement. Ses qualités humaines et professionnelles, pourtant visibles, passent sous silence. Nombreux sont ceux qui, sur leur lit de malade ou dans leurs moments les plus sombres, ne reçoivent aucun signe de soutien ou d’affection. Mais une fois le trépas survenu, la même société, soucieuse de sauvegarder les apparences, se montre soudainement affectée.
De même, cette incohérence se manifeste de manière encore plus visible dans le cadre des hommages publics, notamment parmi les élites et les dirigeants. Il est fréquemment observé que des distinctions et des honneurs sont attribués à des personnes après leur mort, des titres qu’ils n’ont jamais eu l’opportunité de recevoir de leur vivant. De simples citoyens aux grandes figures de la société, ces hommes et femmes se retrouvent élevés dans l’ordre national du mérite après leur décès, alors même que, de leur vivant, ils auraient mérité cette reconnaissance.
Cette attitude, osons le dire, marquée par une forme de procrastination émotionnelle est synonyme d’une faillite collective, celle de ne pas savoir reconnaître la valeur des vivants. Il ne sert à rien de jouer au malheureux une fois qu’un proche, un ami ou un collègue n’est plus de ce monde. La véritable affection, la véritable reconnaissance, doivent se manifester lorsque l’individu peut encore les percevoir et s’en réjouir.
Vivement que chacun prenne conscience de l’importance de célébrer la vie, de valoriser les mérites des individus pendant qu’ils sont encore là. La mort, bien que tragique, ne devrait pas être l’unique prétexte pour se rappeler de ce que les autres ont accompli ou de ce qu’ils représentent avant leur départ pour la félicité éternelle.
✍️ Valentin AKODEDJRO
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