• À Goro et Alafiarou, intimidation, violence et menace, le quotidien des éleveurs Peulhs
Au sens de la loi n° 2013-01 portant code foncier et domanial en République du Bénin, notamment en son article 4, les documents de présomption de propriété sont l’attestation de détention coutumière, l’attestation de recasement et l’avis d’imposition des trois dernières années. Mieux, selon l’Arrêté N°4/112/PDB/SGD/SPAT/SAG/SA/013SGG22 de la préfecture du Borgou du 7 juin 2022, le déguerpissement des éleveurs de leurs campements et des espaces agropastoraux est interdit. Une décision prise par l’ensemble des préfets pour accompagner la sédentarisation, un projet cher au Chef de l’État, le Président Patrice Talon. Mais à Tchaourou, notamment dans les arrondissements d’Alafiarou et Goro, malgré le doute sur la disponibilité de ces documents et l’interdiction du déguerpissement, une pression est exercée sur la communauté Peulh par des présumés autochtones afin d’arracher à celle-ci les terres occupées depuis près de trois décennies. C’est du moins ce qu’on retient d’une déclaration faite par ces victimes à l’issue d’une réunion tenue le dimanche 19 mai à Goro. << Mes parents sont installés ici depuis plus de deux décennies. Ils ont fait leurs plantations, installé des plantes fourragères pour leurs animaux, cultivé des cultures annuelles comme l’anacarde. Mais depuis deux ans maintenant, nous recevons des menaces de personnes étrangères, qui en collaboration avec les délégués de Koda et Alafiarou détruisent nos plantations à l’aide de tracteurs. Nous avons notre école construite sur un financement propre qui date de plus de 10 ans, le forage installé par la communauté peulh pour l’abreuvement de leurs animaux en saison sèche et le lieu de rassemblement pour les campagnes de vaccination des gros ruminants qui visent à vendre >>, nous confie Roger Seni, porte-parole des victimes.
Les présumés vendeurs utilisent l’intimidation, la menace, la violence et l’exercice de force afin de faire plier les populations peulh pour, en retour, vendre ces terres mises en valeur par les premiers occupants. À Goro et Alafiarou, des personnes ont été tapées et d’autres arrêtées et gardées en prison. « Ils ont arrêté huit de nos frères, quelques jours après quatre ont été relâchés, les quatre autres sont encore en prison, et nous ne savons rien du sort qui leur est réservé. Nous demandons de l’aide, car venir frapper l’homme à son domicile et arracher son domaine est un abus de force. Le jour où la personne décidera de réagir, il ne faut pas qu’on dise que cette dernière a tort », avertit Roger Seni.
Si aujourd’hui tout ce qui arrive aux membres de la communauté Peulh de Goro et d’Alafiarou ne préoccupe personne, ces derniers, tout en optant pour la voie de la sagesse, invitent les autorités à intervenir avant que le pire n’arrive. « Depuis un temps, c’est la loi que l’on respecte, toutefois, nous, les Peulhs, nous connaissons notre force, mais nous n’aimerions pas faire usage de cette force. C’est la raison pour laquelle nous lançons un appel à l’endroit du chef de l’arrondissement de Goro, au maire de Tchaourou, au Préfet du Borgou et au Président de la République pour qu’ils puissent nous porter assistance dans cette situation », a laissé entendre Sebo Ganni, Délégué de Gbéba, une localité située dans l’arrondissement de Goro.
À Goro et Alafiarou, il s’agit de plus de 2000 hectares visés par les supposés propriétaires. Mais comment les documents de présomption de propriété sont délivrés à Tchaourou pour que les terres soient aussi vite vendues ? Mieux, quelle valeur est donnée à l’arrêté préfectoral par les autorités ? Ce sont là des questions auxquelles nous n’avons pas pu avoir de réponse.
✍️ Borel AWANOU (Stg)
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