L’activiste Franco-béninois Kémi Seba s’est fait connaître depuis un bon moment en tant que farouche opposant à la « France-Afrique », ce réseau d’influences politiques et économiques qui relient l’ancienne métropole aux anciennes colonies. Il dénonce vigoureusement l’emprise néocoloniale française en Afrique, ce qui lui vaut une popularité au sein des mouvements panafricanistes. Admettons que cette dénonciation est, en soi, légitime. Les critiques qu’il porte contre l’interventionnisme français, la dépendance économique de certains États africains vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale et la manipulation politique de ses dirigeants trouvent écho chez beaucoup de jeunes africains en quête d’une rupture avec les pratiques du passé.
Toutefois, ce combat perd sa crédibilité lorsque ceux qui le mènent ne respectent même pas les lois des pays qu’ils critiquent. Et c’est ici que Kemi Seba semble s’égarer et compromet inexorablement la profondeur et la justesse de son engagement.
Ce lundi 14 octobre 2024, il a été arrêté à Paris, après s’être introduit illégalement en France avec un passeport diplomatique nigérien selon les sources. En réalité, cette arrestation, en apparence anecdotique, vient mettre à nue la posture ambiguë de l’activiste. Sinon, comment un homme qui a publiquement rejeté la France, brûlé son passeport français et craché sur le pays peut-il revenir par des moyens illégaux, sans même se conformer aux procédures de base, qu’il s’agisse d’un visa ou de toute autre formalité d’entrée ? Cet acte n’est pas seulement une violation de la loi, il constitue une plaisanterie aux dépens de son propre discours panafricaniste. Si Kémi Seba prône la rupture avec la France, pourquoi chercherait-il encore à y introduire clandestinement ?
Cette attitude révèle un trait constant chez lui. Dénoncer la France et ses politiques tout en tentant d’y entrer sans visa, cela montre bien l’ampleur du paradoxe. Dans son comportement, il ne s’agit plus de défendre une cause juste avec la dernière rigueur, mais plutôt d’organiser des coups d’éclat, sans véritable réflexion ni ligne de conduite. De ce fait, il semble plus soucieux de capter l’attention médiatique que de mener un combat structuré. Le passeport diplomatique nigérien qu’il exhibe est un autre symbole de ce populisme. Contrairement à ce qu’il pourrait croire ou laisser entendre, ce type de document ne confère aucune immunité en soi. Pour qu’un passeport diplomatique ait toute sa valeur, il doit être accompagné d’un ordre de mission officiel. Mais dans un contexte de relations tendues entre la France et le Niger, Kémi Seba n’aura aucune raison valable de penser que ce passeport le protégerait de ses propres actes illégaux.
UNE ABSENCE DE COHÉRENCE : Où est le respect des principes ?
Le problème fondamental ici est l’absence de cohérence dans l’acte de Kémi Seba. En se proclamant défenseur des peuples africains, il se doit d’adopter une posture irréprochable, basée sur des principes clairs et inébranlables. Respecter les lois des pays qu’il critique fait partie de ces principes. Car comment peut-on réclamer justice, respect et souveraineté de la part d’un État, tout en foulant aux pieds ses lois ? Imaginons un instant qu’un officiel français s’introduise illégalement dans un pays africain. Le tollé serait immédiat, avec des accusations de déstabilisation, d’espionnage, voire de complot impérialiste. Kemi Seba et ses partisans seraient les premiers à crier à l’injustice et à réclamer des sanctions sévères. Pourtant, il adopte aujourd’hui la même attitude envers la France, sans le moindre respect pour les principes élémentaires de légalité.
Au regard de ses actes , il apparaît clairement que Kemi Seba oscille entre le rôle de combattant du néocolonialisme et celui de provocateur populiste. Le vrai panafricanisme, celui qui prône la dignité des peuples africains, la justice et le respect des lois, n’a pas besoin de ce genre de jeux médiatiques. Il repose sur des principes clairs, un sens de la responsabilité et une cohérence qui font cruellement défaut chez Kemi Seba. Au lieu de se contenter de coups d’éclat, il devrait s’engager dans une lutte sincère, respectueuse des valeurs qu’il prétend défendre. Car sans cela, il ne restera aux yeux de beaucoup qu’un plaisantin populiste en quête d’intérêt.
✍️ Valentin AKODEDJRO
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