À moins de deux ans de la fin de son second mandat, le président Patrice Talon continue d’imposer une rigueur inébranlable au sein de la classe politique béninoise. Loin de se reposer sur ses lauriers, il renforce cette rigueur à travers une ombre de discipline qu’il jette sans précédent sur l’ensemble de l’échiquier politique national. Sa gouvernance, marquée par des réformes courageuses et une gestion ferme du pouvoir, confirme son statut d’animal politique redouté et incompris par une classe politique réduite au silence, sinon à la prudence.
Depuis son accession à la magistrature suprême, Patrice Talon n’a jamais cessé de surprendre par ses décisions impitoyables, aussi bien envers ses adversaires qu’envers ses proches collaborateurs. Nombreux sont ceux qui, croyant bénéficier d’une certaine immunité politique ou familiale, ont été surpris par des limogeages soudains. Son cousin, Johanes Dagnon autrefois Directeur du Bureau d’analyse et d’investigation (BAI) de la présidence et son conseiller spécial, n’a pas échappé à cette rigueur. De même, des ministres et directeurs généraux ont été démis de leurs fonctions. Ce qui confirme que sous Talon, ni l’amitié, ni la parenté ne sauraient faire office de boucliers contre l’exigence de rigueur et de discipline qu’il incarne.
En effet, la stratégie de l’actuel locataire de la Marina repose sur une gestion du pouvoir où le clientélisme politique, autrefois monnaie courante, n’a pas sa place. Il s’éloigne volontairement des schémas classiques de la politique béninoise, et refuse de céder aux influences et aux attentes d’une classe politique qui, historiquement, s’est appuyée sur des réseaux d’allégeance et de soutien familial. Ce refus d’un système de favoritisme accentue l’image d’un homme politique isolé, mais craint, un “monstre politique” selon certains, dont la méthode échappe à ses compatriotes. Traditionnellement, à deux ans de la fin d’un mandat présidentiel, le Bénin bat en pleine effervescence autour des candidatures potentielles. Les tractations vont bon train, et les pronostics battent leur plein. Or, sous Talon, c’est le silence. Aucune figure politique ne s’est encore manifestée pour briguer la succession, encore moins, aucun parti ne se manifeste. Ce paradigme inhabituel témoigne de la crainte qu’inspire le président sortant. La classe politique est paralysée par la peur de provoquer son courroux, signe que l’autorité présidentielle domine sans partage.
Par ailleurs, ce qui vient renforcer ces analyses est l’arrestation très tôt ce mardi 24 septembre 2024 de figures proches de lui, telles que Olivier Boko et Oswald Homeky. C’est une preuve supplémentaire qu’il durcit son véto de discipline. Olivier Boko, ami intime et pressenti comme successeur potentiel, voit ses ambitions brisées par l’inflexibilité de Talon. Le chantre de la rupture refuse que des ambitions personnelles viennent perturber le cadre rigoureux qu’il a établi. De même, Ces arrestations envoient un signal clair : Talon ne tolère aucune déviation par rapport à sa vision de la discipline politique, même si cela signifie écarter les plus proches. Il solidifie davantage son contrôle sur la scène politique nationale en rendant toute tentative de succession précoce risquée, voire impossible. Sa méthode, incomprise et crainte, force à repenser la nature de son leadership. La question que plusieurs observateurs se posent actuellement est de savoir si tous ces « jeux » ne sont pas une manière d’accroître la visibilité de son ami. En tout cas, en politique, tout est possible. On attend de voir la surprise que réserve 2026.
✍️ Valentin AKODEDJRO
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